Les premiers siècles
La réconciliation des pénitents, telle qu’elle fut instituée et vécue n’était pas destinée à régler des problèmes personnels de culpabilité. Il s’agissait de l’Église, de son unité et de l’authenticité de son témoignage. La rémission des péchés était le fruit du baptême qui avait arraché le fidèle à un monde mauvais pour en faire le membre d’un peuple saint racheté par la mort du Christ et vivant désormais de sa vie. Cette grâce baptismale accompagnait le nouveau converti qui, sans cesser de se reconnaître pécheur, se savait inclus dans le pardon de Dieu et pouvait réciter en toute confiance la prière de Jésus : « Pardonne-nous nos offenses… »La situation change quand, au cours des grandes persécutions, des fidèles apostasient publiquement leur foi. Ils ont renié leur baptême et se sont eux-mêmes exclus de la communauté chrétienne. Le danger passé, certains reviennent et demandent à être réadmis à la communion eucharistique. Que faire ? L’Église hésite. Elle ne se reconnaît pas le droit de réitérer le baptême, mais peut-elle rejeter des gens qui ont cédé à un moment de peur et le regrettent ? Ne serait-ce pas trahir la miséricorde du Christ qui a pardonné à Pierre son reniement ? Elle décide donc d’accueillir de nouveau, après un temps de pénitence, ces fidèles repentants et institue pour eux une célébration de réconciliation des pénitents. C’est un geste ecclésial, solennel, présidé par l’évêque. Il a habituellement lieu le matin du Jeudi Saint pour permettre à la communauté ressoudée de célébrer la Cène.
Au Moyen Âge
Assez vite, on joint aux cas d’apostasie, devenus moins fréquents, des comportements graves, publics, qui portent atteinte au témoignage de l’Église : violences, scandales… Il s’agit toujours de préserver ou de restaurer l’unité de la communauté et la sainteté de son témoignage. La situation change assez vite lorsque des fidèles, par humilité, viennent se joindre au groupe des pénitents, alors que les vrais coupables le désertent, sous prétexte que cet acte public porterait atteinte au respect de leur vie privée. Les évêques avouent l’embarras où les place cette situation.Par ailleurs, un certain nombre de fidèles prennent l’habitude d’aller trouver les moines, comme ils allaient voir autrefois les confesseurs de la foi dans leurs prisons, pour leur confier leurs intentions de prières et leur demander des conseils. Les moines les accueillent paternellement, leur redisent la misé-ricorde de Dieu et leur indiquent des chemins de pénitence et de conversion. Face à cette situation, les synodes régionaux maintiendront, tout au long du haut Moyen Âge, qu’il n’y a de réconciliation que celle demandée à l’évêque. Rien n’y fait, la pénitence...
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