« Dieu a-t-il sur chacun une volonté particulière ? » Posée ainsi, la question nous embarrasse. Il y a des jours où nous voudrions bien pouvoir nous référer à une volonté particulière de Dieu qui serait notre vocation. Comme ce serait rassurant et réconfortant aux heures de doutes et de difficultés ! Savoir qu'on s'inscrit dans un dessein de Dieu prévu de toute éternité où chaque élément de notre vie, heureux ou malheureux, trouve place et sens !

Mais, en même temps, quelque chose en nous proteste : Dieu nous mettrait ainsi devant un programme à remplir, fixé en dehors de nous, sans même nous donner des moyens sûrs de le connaître ? Car si les mots ont un sens et si l'on voulait parler alors de volonté de Dieu, de quel poids ce vouloir divin ne pèserait-il pas sur nos libertés ! Quelle angoisse aussi pour nous, lorsqu'il s'agirait de choisir : toute erreur, tout retard seraient dramatiques. Passant à côté du dessein de Dieu, nous situant, même involontairement, hors de son projet, nous aurions tout perdu, tout gâché. Et cela, d'autant plus facilement que nous savons bien que les voies de Dieu ne sont pas nos voies et que nous mesurons chaque jour combien il est difficile et parfois hasardeux de vouloir discerner ce que nous appelons la volonté de Dieu. Que Dieu nous ait placés à la croisée des chemins, en face de plusieurs directions dont une seule serait la bonne, sans nous donner les moyens de la reconnaître avec certitude, relève du visage d'un Dieu pervers et ne peut en aucun cas exprimer l'attitude du Dieu de l'Alliance qui est venu sauver ce qui était perdu.

Et, pourtant, nous savons bien que ce même Dieu est celui qui nous appelle par notre nom et que notre rencontre avec lui passe par un chemin qui nous est particulier. D'Abraham à Pierre, l'histoire du salut abonde en