Lorsqu'il arrive à Nazareth, ce 5 mars 1897, Charles de Foucauld est méconnaissable. Le saint-cyrien cynique et noceur est devenu un ascète fervent et solitaire, l'explorateur médaillé de la Société de Géographie pour sa Reconnaissance au Maroc s'est transformé en simple pèlerin et le vicomte en valet. Quant à son allure, elle le fait davantage ressembler aux « clochards célestes » qu'aux pieux voyageurs qu'il croise sur son chemin. C'est lui-même qui s'est imposé cette métamorphose. A la supérieure des clarisses qui le reçoit, il demande d'être accepté comme un humble domestique accomplissant de tâches serviles, pourvu qu'on le laisse vivre en ermite et assister aux offices. Non, il ne désire pas habiter le petit logement du jardinier, il préfère se réfugier dans une cabane en planches destinée à abriter des outils. C'est là qu'il va passer, dans un dénuement extrême, trois années de contemplation.
Les méditations de Nazareth
Bien qu'elles aient été rédigées très tôt dans son itinéraire spirituel et malgré leurs naïvetés et leurs imperfections, les abondantes méditations de Charles de Foucauld forment l'essentiel de sa « doctrine spirituelle ». En effet, c'est la vie même de « Frère Charles » qui deviendra enseignement et doctrine. Car dès la période de Terre Sainte terminée, en 1900, les méditations