Cerf, coll « Recherches morales », 2004,336 p , 29 €
« L'amitié est une expérience faible, discrète et pudique. Elle ne fait pas de bruit. Pas assez le plus souvent pour pouvoir se défendre devant l'exigence de l'amour des ennemis ou le fracas du discours engendré par la passion amoureuse ». Ce constat inaugural de l'auteur révèle, comme en creux, l'enjeu du livre l'amitié assumée en Dieu, comme expression de la fraternité chrétienne, a trop souvent, au cours de l'histoire et aujourd'hui encore, cédé le pas au caractère exceptionnel du don de soi. Cette tendance à survaloriser l'héroïsme de la charité coïncide malheureusement aujourd'hui avec la tendance à mettre en avant l'expérience amoureuse comme sommet de toute expérience humaine — permettant de la sorte à l'homosexualité de se présenter comme l'issue logique, éventuellement inconsciente ou cachée, de toute relation d'amitié.
Dès les premières pages, Jean- Marie Gueullette invite le lecteur à un travail de discernement sur le sens même de l'amitié et sur les distinctions à poser entre ce qu'elle est et ce qu'elle n'est pas. II faut à la fois réhabiliter le corps sans lui laisser toute la place, cerner la différence entre amour et amitié, montrer la place de la réciprocité (celle de la gratuite), indiquer les passages a la limite. Ce travail anthropologique délicat est particulièrement bien mené. II se prolonge par un travail théologique qui répond à la question de savoir comment se situe l'amitié par rapport à la chanté Le propos de l'auteur rejoint ici le traditionnel débat entre la nature et la grâce la chante doit-elle, pour être authentique, se situer en rupture avec l'inclination (l'amour des ennemis en est l'exemple typique) ? Ou doit-elle, au contraire, assumer la nature — l'amitié apparaissant alors comme l'antichambre de la charité ?
Le frère Gueullette montre l'excès des deux positions qui gagnent à être mises en relation et en tension plutôt qu'en exclusion, mais il souligne aussi que l'amitié a souvent été la grande perdante en ce débat. Pourtant, les textes bibliques ne manquent pas et l'auteur invite le lecteur à les parcourir avec lui. C'est alors qu'il peut proposer une théologie de l'amitié qui paraît comme une épiphanie de notre humanité, une épiphanie de l'humanité du Christ, une épiphanie de la grâce.
L'auteur, il faut le dire, a un courage certain. Aujourd'hui, en effet, hormis les relations de filiation, les relations affectives oscillent entre la neutralité et la passion amoureuse. Entre les deux, plus rien. À tel point qu'il n'y a plus désormais de place pour cette expérience riche et humanisante qu'est l'amitié. En la réhabilitant tout en lui conférant sa juste place, l'auteur opère un travail remarquable qui doit être salué.
« L'amitié est une expérience faible, discrète et pudique. Elle ne fait pas de bruit. Pas assez le plus souvent pour pouvoir se défendre devant l'exigence de l'amour des ennemis ou le fracas du discours engendré par la passion amoureuse ». Ce constat inaugural de l'auteur révèle, comme en creux, l'enjeu du livre l'amitié assumée en Dieu, comme expression de la fraternité chrétienne, a trop souvent, au cours de l'histoire et aujourd'hui encore, cédé le pas au caractère exceptionnel du don de soi. Cette tendance à survaloriser l'héroïsme de la charité coïncide malheureusement aujourd'hui avec la tendance à mettre en avant l'expérience amoureuse comme sommet de toute expérience humaine — permettant de la sorte à l'homosexualité de se présenter comme l'issue logique, éventuellement inconsciente ou cachée, de toute relation d'amitié.
Dès les premières pages, Jean- Marie Gueullette invite le lecteur à un travail de discernement sur le sens même de l'amitié et sur les distinctions à poser entre ce qu'elle est et ce qu'elle n'est pas. II faut à la fois réhabiliter le corps sans lui laisser toute la place, cerner la différence entre amour et amitié, montrer la place de la réciprocité (celle de la gratuite), indiquer les passages a la limite. Ce travail anthropologique délicat est particulièrement bien mené. II se prolonge par un travail théologique qui répond à la question de savoir comment se situe l'amitié par rapport à la chanté Le propos de l'auteur rejoint ici le traditionnel débat entre la nature et la grâce la chante doit-elle, pour être authentique, se situer en rupture avec l'inclination (l'amour des ennemis en est l'exemple typique) ? Ou doit-elle, au contraire, assumer la nature — l'amitié apparaissant alors comme l'antichambre de la charité ?
Le frère Gueullette montre l'excès des deux positions qui gagnent à être mises en relation et en tension plutôt qu'en exclusion, mais il souligne aussi que l'amitié a souvent été la grande perdante en ce débat. Pourtant, les textes bibliques ne manquent pas et l'auteur invite le lecteur à les parcourir avec lui. C'est alors qu'il peut proposer une théologie de l'amitié qui paraît comme une épiphanie de notre humanité, une épiphanie de l'humanité du Christ, une épiphanie de la grâce.
L'auteur, il faut le dire, a un courage certain. Aujourd'hui, en effet, hormis les relations de filiation, les relations affectives oscillent entre la neutralité et la passion amoureuse. Entre les deux, plus rien. À tel point qu'il n'y a plus désormais de place pour cette expérience riche et humanisante qu'est l'amitié. En la réhabilitant tout en lui conférant sa juste place, l'auteur opère un travail remarquable qui doit être salué.