Bayard, 2001, 150 p., 99 F.
Le livre commence très fort par le témoignage d'« Eliane », abandonnée par sa mère, prostituée, droguée, brûlant la chandelle par les deux bouts, heurtée par l'anonymat de la DDASS, survivant à la force du poignet dans l'univers violent de la prison et découvrant cahin-caha son chemin de libération à la grâce de quelques rencontres vraies.
D'autres témoignages scandent ce livre comme des coups de gong à la fin des rounds de boxe. Toute cette violence de la société envers les gens de la rue n'est pas étalée id pour choquer le bourgeois, encore moins pour donner mauvaise conscience. Il s'agit simplement (c'est beaucoup plus beau) de témoigner de la dignité de ces visages meurtris par la vie, courant à perdre haleine à la recherche d'une reconnaissance.
Au détour d'un chapitre central, le père Patrick Ciros, fondateur de l'association Aux captifs, la libération, sait trouver les mots justes pour exprimer cette exigence intérieure qui nourrit les rencontres d'une qualité spirituelle qu'aucun appareil administratif, de par sa nature et son mode de fonctionnement ne peut atteindre.
Ce livre illustre sans littérature la complémentarité de la justice et de la charité.
La rue les mains nues
Aude COLLIN et Laetitia de TRAVERSAY
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