Préf. P. Valadier. Desclée de Brouwer, 2009, 156 p., 16 euros
Arrivée à l’âge de la retraite, Marie- Thérèse Esneault, religieuse xavière, relit l’histoire de sa vie, qui est comme la marche à pied : une chute perpétuellement amortie. D’abord les premières émotions familiales dans la campagne bretonne, le décès de sa petite soeur et de son petit frère ; puis son travail en prison, pugnace et gratifiant, les errements des interprétations successives des règlements pénitentiaires, les joies et les angoisses devant les pièges toujours possibles des médias, les affres et la délivrance d’une analyse psychologique.
La structure générale du livre est assez simple : les premiers appels d’une vocation religieuse, ressentie très tôt, vécue dans la discrétion du rapport au monde, les trois voeux, l’apostolat en dialogue avec la vie communautaire. Ici, pas de dénonciation tonitruante, ni de prophétie à l’emporte-pièce. Le lecteur perdrait beaucoup à ne retenir que les aspects les plus curieux de la carrière de l’auteur : musicothérapeute en milieu carcéral, pratiquant aussi une thérapie à base d’odeurs (« aromacologue », disent les spécialistes). En revanche, il gagnerait à rechercher, sous un langage religieux convenu, et au-delà du rapprochement très classique entre les surprises de la vie et les références bibliques, la fine pointe de la contemplation dans l’action.
Au long des pages se voit transfigurée l’idée d’une « cellule » – celle de l’orant comme celle du prisonnier –, mais une cellule élargie aux dimensions du monde (comme le voulait Claire Monestes, fondatrice des xavières). L’enjeu en est la liberté intérieure, la seule vraie, fondée sur le pardon que chacun accorde aux événements et aux personnes – et d’abord à soi-même – qui ont fait de lui ce qu’il est pour l’éternité.