Préf. et éd. P. Verspieren. Desclée de Brouwer, 2004, 270 p., 22 €.

Bernard Matray (1932-1999), jésuite, a su mener une réflexion personnelle, rigoureuse et originale, qu'il savait traduire avec clarté et sans concession à des publics très divers. Son champ de recherche a porté principalement sur la relation si souvent éprouvante d'accompagnement (professionnel et bénévole) de personnes gravement malades.
Bénévole dans l'unité de soins palliatifs du professeur Abiven dès son ouverture en 1987, après une formation au Québec en pastorale clinique, le P. Matray fit la rude et difficile expérience de la présence aux souffrants, soucieux qu'il était de « l'approche respectueuse de l'intimité d'autrui ». Dans une interpellation constante entre sa pratique, ses relations avec les professionnels et sa réflexion éthique, il eut l'intuition de plus en plus nette que l'accompagnement appelle à une reconnaissance mutuelle sur fond d'inconnu.
C'est par la pratique d'une hospitalité sans a priori et éclairée par la parole qu'il en est tout naturellement arrivé à une approche sans ambiguïté de l'humain comme être spirituel désireux d'une relation lui permettant de vivre. Or cette compréhension du spirituel n'est pas encore intégrée dans la pratique soignante, ni suffisamment distinguée du religieux.
Cet ouvrage, qui rassemble une vingtaine de textes rédigés entre 1989 et 1999, offre un cadre de référence exceptionnel pour ceux qui affrontent les patients en fin de vie et les personnes âgées. Il définit clairement le rôle spécifique et la complémentarité de chacun des acteurs de la relation de soin. Pratiquer l'hospitalité, la maintenir ajustée à la durée ne peut plus se contenter de la bonne volonté.