Saint-Augustin, 2002, 253 p., 18 €.
 
Vingt-cinq ans après sa mort, Maurice Zundel éveille un intérêt croissant chez les chrétiens. Sa problématique du mal et de la souffrance, omniprésente dans son œuvre, se fonde autant sur sa rencontre au quotidien de l'homme souffrant et pauvre que sur son écoute attentive des questionnements de son temps et des revendications agnostiques et athées. Il développe une théologie enracinée dans l'expérience spirituelle. « Je ne conçois rien, n'ayant pas la moindre propension à contredire un système. Je témoigne simplement de l'expérience que je vis. » En chaque être humain se trouve une dignité inviolable qui ne supporte pas d'être réduite à un objet. Le mal fait scandale parce qu'il s'oppose en moi à une dignité absolue à respecter ; il y a en chaque homme une dimension inviolable et sacrée dont l'homme a la charge en autrui autant qu'en lui-même, qui exige le respect absolu de tout être humain. Le scandale est que cet absolu soit méprisé et piétiné. « L'homme est le sanctuaire d'une présence infinie qui consacre sa dignité et fonde son inviolabilité. » Dieu est toujours dans le camp des victimes. Cette perspective ouvre un champ nouveau à la théologie spirituelle.
La suite du livre explore les questions qui en découlent : qui est Dieu ? Qui est l'homme ? Dans quelle intimité d'amour pensent-ils se rencontrer ? Comment adhérer à cette présence intérieure qui seule peut donner à l'homme sa dimension d'infini ?
L'auteur, théologien suisse et animateur pastoral laïc auprès de la jeunesse vaudoise, a une connaissance remarquable de Maurice Zundel. Son livre n'est pas d'un accès facile, mais il sera d'un grand secours auprès de ceux qui auront la patience de le distiller lentement. Son intérêt n'est pas d'abord de faire connaître Zundel, mais d'offrir à travers lui des réponses satisfaisantes à des questions restées pour beaucoup sans réponse.