Rencontrer des personnes qui portent au cou une médaille de la Vierge, un chapelet entre les doigts ou qui se marquent du signe de la croix en passant devant une église peut provoquer des réactions de gêne, voire de dédain. Toutefois, dans une métropole comme Paris, ces manifestations de la foi sont courantes. Il suffit de passer par la rue du Bac ou même de gravir la colline de Montmartre pour être témoin de ces gestes de foi. Cependant, à l'exception de certains lieux de pèlerinage comme Lourdes, des attitudes qui relèvent des « pieux exercices »1 ne sont pas toujours bien accueillies ni intégrées, y compris dans des églises.

La piété populaire, avec son fort penchant « épiphanique », spontané et corporel, comprise de manière erronée comme une manifestation moins noble, moins réfléchie, voire moins « théologique » de la foi, est opposée à la vie spirituelle et à la vie liturgique, entendues quant à elles comme de véritables expressions de la foi. Deux perspectives théologiques différentes se font ainsi face : « la communication intérieure de l'Esprit saint et la manifestation sensible du Verbe incarné »2, l'une étant pneumatologique et l'autre christologique. Le jeu d'opposition entre profondeur et superficialité, périphérie3 et centre, cache un débat sur le rapport entre les sens