Au-delà d’une amélioration pratique très évidente, il convient de s’interroger sur l’expérience spirituelle que constitue la lecture Christus. La numérisation a-t-elle un effet spirituel ? Comment impacte-t-elle l’acte de lecture ? Cela modifie-t-il l’attitude intérieure du lecteur, son intérêt pour la revue, ce qu’il vient y chercher … ? Autant de questions qu’il sera bien intéressant de partager entre vous, lecteurs, et nous, rédaction de Christus. Car le premier effet de la numérisation est sans conteste l’interactivité, cette forme nouvelle et inédite de conversation où le corps est si  absent et l’émotion pourtant si présente, immédiate.


Bien sûr il est trop tôt pour évoquer le sens de cette expérience nouvelle. Pourtant des questions déjà viennent à l’esprit. Là où la lecture d’un livre suppose une disposition du corps et de l’esprit, une durée suffisante, et souvent rare, pour s’abandonner aux mots d’un autre, pour entrer dans un chemin qu’on s’approprie au fur et à mesure que l’autre s’y dévoile compagnon, la numérisation à l’inverse ne nous rend-elle pas à tout moment l’initiative et la maîtrise de la recherche ? Ce que nous perdons en abandon et en dialogue intérieur d’un côté, nous est peut-être rendu, sur internet,  dans des attirances ou des aversions, des manières de sentir et de goûter, moins construites sans doute, mais vives et récurrentes, qui  rythment et sollicitent plus immédiatement notre intériorité ? Dans un cas comme dans l’autre, notre affectivité est mobilisée : plus imprégnée ou plus réactive, quelle attention, quel désir ouvre-t-elle en moi, pour que l’Esprit la recueille et l’oriente sans pression vers la vie à venir, toujours nouvelle et choisie ?

Remi de Maindreville sj