« Animal social, l'homme est un animal rituel », affirmait l'anthropologue Mary Douglas1. Elle ajoutait : « Supprimez une certaine forme de rite, et il réapparaît sous une autre forme… » Il n'est pas étonnant que la crise sanitaire que nous avons subie avec, à certains moments, la suppression des grands rites sociaux de notre société contemporaine ait suscité autant d'émoi et de frustration. Il n'est pas étonnant, non plus, que l'impossibilité pour les fidèles de participer à la messe ait fait place à diverses initiatives : retransmission en vidéo de célébrations, invitation à former une communauté de prière à distance, propositions de petites liturgies domestiques, etc. Les raisons en sont bien sûr théologales, car les disciples du Christ ont un besoin éminent, depuis la Pentecôte, de se réunir pour écouter les écrits des Apôtres, partager la fraction du pain, prier et vivre la communion fraternelle (Ac 2, 42). Mais les raisons sont aussi anthropologiques : les êtres humains ne peuvent se passer de rites. Lorsque certains disparaissent, car ils sont par exemple liés à une institution rejetée, d'autres se développent aussitôt. Pour ne prendre qu'un seul exemple : la diminution du nombre de mariages religieux va de pair avec le développement des « enterrements de vie de jeune homme ou de jeune fille ».

Des rites pour donner sens

Les humains ont besoin de rites, car ce sont des êtres sociaux et il n'y a pas de rapports sociaux sans rites, sans actes symboliques, comme l'avait déjà montré Émile Durkheim2. Qui plus est, si les rites établissent une socialité particulière,