Si notre écoute façonne notre rapport aux hommes et au monde, elle fonde aussi notre relation à Dieu. Jésus nous avertit : « Prenez garde à la manière dont vous écoutez », et il ajoute : « Car celui qui a, on lui donnera ; et celui qui n’a pas, même ce qu’il croit avoir lui sera enlevé » (Lc 8,18) associant ici écouter et avoir.
Il y a des écoutes qui sont des façons d’ériger des barrières autour de nos idoles, écoutes qui ne sont pas accueil mais accaparement, écoutes qui sont appropriations de la Parole pour la faire sienne ou la mettre au service de nos propres élaborations. On croit « posséder » le vrai Dieu, la seule vérité, une bonne morale, la vraie foi… et l’on retourne incessamment au texte pour conforter nos certitudes. Ce faisant, nous construisons sur le sable et pensons élever un bel édifice mais, dès la première tempête, ce que nous croyons avoir nous sera enlevé...
Et, il y a des écoutes qui sont réception, mise à disposition de nos facultés ; des écoutes qui laissent la porte grande ouverte à l’imprévu. Exerçons-nous donc à celles-ci, non pour accumuler mais pour creuser, non pour conforter mais pour déplacer. L’attitude à laquelle nous appelle le Christ est précisément cette hospitalité intérieure qui fonde largement et solidement. Là, nous aurons et il nous sera donné encore et encore.
Et quand, assurés de nos fondations, nous sentirions un léger vacillement dans nos certitudes et nous verrions nos murailles s’ouvrir pour laisser enfin passer la lumière et la brise légère, réjouissons-nous : cela pourrait bien être une bonne nouvelle !