Dans la mentalité contemporaine, la notion d’autorité est ambiguë : d’une part, elle paraît éminemment respectable dans la mesure où elle engage la personne de celui qui l’exerce ; d’autre part, elle est souvent soupçonnée de céder à l’arbitraire et de faire cause commune avec le pouvoir. En ce sens, l’étymologie du mot grec signifiant « autorité », et employé à ce titre dans le Nouveau Testament, mérite d’être relevée. Il s’agit du mot exousia, dérivé du verbe exesti : forme composée du verbe « être », c’est évidemment un verbe d’état, suggérant moins une activité de l’ordre du faire qu’une certaine qualité inhérente à l’être de la personne. De fait, en français aussi, l’autorité est souvent présentée comme une qualité innée, en quelque sorte indépendamment de son exercice concret au travers de responsabilités incluant nécessairement certaines formes de pouvoir. De plus, en grec, le verbe exesti signifie habituellement : « il est possible » ou « il est permis ». L’accent ne porte donc pas sur les actions accomplies par Jésus mais sur la source même de son activité. Ainsi devra-t-on se méfier de certaines traductions françaises en appelant à l’idée de « pouvoir », quand le grec parle plus profondément d’autorité 1.
Une notion juridique ambivalente
Appliquée dans les évangiles à d’autres personnages que Jésus, la notion d’autorité paraît souligner le lien de dépendance à l’égard d’une hiérarchie sociale ou administrative. Si, dans l’absolu, l’autorité émane de la personne, dans la réalité elle est plus souvent déléguée : pour efficace qu’il soit, son exercice n’en souligne pas moins le caractère dépendant de la personne en charge d’une quelconque forme d’autorité. Ainsi le centurion de Capharnaüm, évoquant les lois de la hiérarchie militaire, reconnaît