Terrail, 1999, 208 p., 149 F.

Aux confins de toutes les cultures occidentales et orientales, antiques et médiévales, le monde byzantin sut faire son miel des influences religieuses ou païennes Mais ce n'est pas tant pour conjurer la complexité des faits que pour épouser l'identité de l'art byzantin que l'auteur suit d'aussi près la chronologie historique Dès 324, quand Byzance prend le nom de Constantinople et que naît un premier art byzantin, l'architecture comme l'art décoratif sont autant affirmation ostentatoire du nouvel Empire (manifestation cultuelle d'un christianisme vivant intégré au sein d'une société grecque et romaine) qu'expression spirituelle de la beauté formelle Les ors des coupoles, la figure impériale du Pantocrator, les processions hiératiques des vierges et martyrs, le raffinement des ivoires et le luxe des miniatures. . ne se comprennent que confondus dans cette commune espérance politique universelle et dans cette quête spirituelle d'éternité.
Victime de confusions et de préjugés, l'art byzantin est souvent maintenu dans les limites de l'« art religieux » En insistant sur son identité originale « politico-théologico- religieuse », l'auteur montre combien elle éclaire pour une part sa Uagique solidarité au temps du fameux affrontement dit « crise iconoclaste », ou, au contraire, son prestigieux renouveau architectural et pictural au XII' siècle, son « âge d'or », avec l'ébranlement ou l'épanouissement politique. De ce point de vue, les destructions des croisés et, plus tard, des Turcs, en 1453, prouvent que, s'il en avaient bien compris l'enjeu politique, ils en sous-estimaient la force vivante. En effet, exilées dans les Balkans, en Russie et en Europe occidentale, les traditions et l'identité byzantines sauront se maintenir vivantes, en étant à la genèse de nouveaux courants esthétiques, ne serait-ce que la maniera greca pratiquée en Italie, fondement de la peinture européenne.