TEXTE
Ce texte du père Pierre Chastellain, père spirituel des missionnaires à Sainte-Marie-chez-les-Hurons (Nouvelle-France), provient de L’âme éprise du Christ Jésus, ou exercices d’amour envers le Seigneur Jésus [1]. C’est une collection de méditations rédigées par Pierre Chastellain à Sainte-Marie pour les exercices annuels des pères de la communauté, et publiées plus tard en France pour les congrégations mariales. Le père Gilles Mongeau nous en propose une lecture en pages 232-235.
Prière au Christ, septième méditation du vendredi
Ô Seigneur Jésus, je suis certain que tu m’aimes, et il n’est pas nécessaire qu’après une si grande démonstration d’amour, quelqu’un te demande encore : « Seigneur m’aimes-tu ? » Mais si toi, ô mon Seigneur, doutant de mon amour – car, dans ma lutte contre le péché, je n’ai pas encore résisté jusqu’au sang par amour pour toi –, si donc tu me demandais, non seulement une fois, mais encore et encore : « N., m’aimes-tu ? M’aimes-tu plus que ce qui t’appartient ? Premièrement, plus que toutes les choses qui sont à toi, et qui, quoique délectables, utiles et honorables, sont néanmoins reliées à une offense de mon honneur, et à une très grave violation de ma majesté ? Ensuite, m’aimes-tu plus que toutes ces choses qui, bien qu’agréables à toi et à ta nature, ont encore un rapport avec la plus légère offense de ma gloire et de l’amour que tu me dois ? Troisièmement, m’aimes-tu plus que ces choses qui, bien qu’elles soient même plaisantes, utiles et glorieuses pour toi, ne me servent à rien et n’ont rien à voir avec mon amour, si bien que, sans être contraires à mon honneur, elles pourraient être délaissées en faveur de ma gloire et être placées après les autres choses qui me plaisent ? » Seigneur Jésus, j’avoue na vement ce qu’il en est : ce n’est pas la troisième interrogation qui m’attriste, comme chez ton bienheureux serviteur ; c’est plutôt la première qui blesse mon coeur. Comment voudrais-je t’offenser mortellement, après que tu as souffert pour moi une mort si cruelle et ignoble ? Seigneur Jésus, je ne voudrais pas te léser ou te déplaire sciemment, même par une faute vénielle ou légère ; je préférerais mourir plus d’une fois. Mais que répondrais-je à ta troisième interrogation ? C’est à toi de me l’apprendre. « Seigneur Jésus, tu sais tout, tu sais que je t’aime ! » Je t’aime, Seigneur, et puisque je t’aime, plût au ciel que je puisse pa tre tes brebis, tes brebis, dis-je, non pas moi-même ! Plût au ciel que je ne le fasse jamais à la manière des mauvais bergers qui se paissent et se cherchent eux-mêmes au lieu de pa tre et de chercher tes brebis ! Oh ! Qu’il me soit accordé de pa tre tes brebis comme les tiennes, non pas comme les miennes, et ce, par la pensée, la parole, l’action, l’oraison de l’esprit, l’exhortation que je prêche et l’exemple que je donne ! Plût...
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