Claire LY Institut des Sciences et Théologie des Religions (ISTR), Marseille. A récemment publié chez Siloë : Kosâl et Moni, enfants du sourire (2007) et La mangrove : à la croisée des cultures et des religions (2011), et à L’Atelier : Retour au Cambodge : chemin de liberté d’une survivante des Khmers rouges (2007). Site : www.clairely.com Dernier article paru dans Christus : « Après l’autodestruction au Cambodge » (n°219, juillet 2008).
La pluralité culturelle et religieuse est une réalité tangible de la mondialisation. Elle est, certes, une chance de complémentarité pleine de promesses ; mais elle fait naître aussi dans nos sociétés de graves et délicats problèmes identitaires. Bouddhiste d’origine, convertie à la foi chrétienne à l’âge de 36 ans, réfugiée politique, naturalisée française en 1989, je fais partie de ces personnes marquées par deux cultures, deux traditions spirituelles. Le Cambodge reste à tout jamais ma terre natale, sa culture continue à m’accompagner sur la terre française. J’appartiens aujourd’hui au Christ, mais j’ai été structurée en tant que femme par la tradition bouddhique. Cette dernière constitue ainsi ma première demeure. « La Française n’a pas rejeté l’Asiatique, la chrétienne n’a pas congédié la bouddhiste », selon la belle expression d’un ami théologien, Christian Salenson. À l’heure où l’identité fait débat sur la terre française, mes expériences de femme – femme immigrée, femme disciple de Jésus- Christ – m’amènent toujours à me présenter, non comme « bouddhiste et chrétienne », mais comme « une chrétienne catholique venue du bouddhisme ». Sur le plan de la citoyenneté, je ne suis pas que Française, mais une Française venue d’ailleurs. Cette présentation permet de me penser comme un être muté : mes manières, mon rapport au monde s’en trouvent profondément modifiés au carrefour des deux cultures. Présenter les migrants comme incapables d’évoluer et de s’adapter relève