Dans son style très personnel qui conjugue à la fois rigueur et veine poétique, Maurice Bellet livre ici deux ouvrages de tonalités très différentes. Le premier est une méditation sur la violence absolue qui n’est pas une violence bestiale mais – au sens strict du mot – une violence démoniaque. Car le démon est esprit, mais esprit qui réduit à néant tout ce qui n’est pas lui. Le nazisme et le communisme marxiste rejoignent ici les terrorismes de tout poil qui cherchent à détruire, symboliquement ou physiquement, ce qu’ils ne comprennent pas. Mais l’ambition de cet ouvrage est plus fon­damentale : il touche en profondeur la violence cachée au coeur de la démarche christique, celle qui oppose une uni­versalité d’englobement « totalitaire », pourrait-on dire – à une universalité de contiguïté – celle du Christ – qui fasse droit à l’altérité. Le Minuscule traité acide de spiritua­lité, quant à lui, fait son miel d’une sagesse pétrie d’une riche expérience qui rejoint la grande tradition philo­sophique. Qu’il s’agisse de l’Église chargée d’un lourd viatique historique qui provoque la tentation (« mystique », dirait Charles Péguy) de s’en déchar­ger, d’une espérance qui transcende la pénible expérience du poids des jours, ou d’aphorismes aux formes inven­tives, toujours le lecteur apprécie une nouveauté au goût relevé par le sel de l’Évangile.