Frère François, le saint d'Assise, Gallimard-Jeunesse, coll. « Découvertes », 1998, 143 p., 82 F.
Les visages de François d'Assise, Desclée de Brouwer, 1997, 157 p., 260 F.
Assise, les fresques de la Basilique, La Martinière, 1998, 99 p., 195 F.


Lorsqu'elle est dépouillée de romantisme attendri, l'hagiographie gagne en vérité et la sainteté recouvre son poids de réalité. C'est à ces découvertes que nous invitent Gérard Bessière et Hyacinthe Vulliez. Avant d'être saint, mystique et angélique, François Bernadone naît en il 81, fils d'un riche marchand d'Assise et dtoyen d'une ville italienne prospère. Dans ce contexte de liesse et de luxe citadins, le geste de rupture de François se manifeste comme un acte de liberté spirituelle. En quête de « noble dame » et de haut rang, François « tourne bride » résolument vers l'idéal d'« imitatio Christi » qui imprègne alors l'Occident chrétien. Il mendie, prêche, convertit et fait des disdples. Cependant, cette liberté le soumet à bien des épreuves, en le conduisant, lui et ses frères, hors des structures conventuelles et canoniques que l'Eglise du XIII' siècle avait élaborées face à une société en pleine mutation. Cette hagiographie moderne révèle un des secrets de sainteté qui a guidé les choix de saint François • une foi totale en l'homme
Pour Michel Feuillet, l'héritage de François s'inscrit dans les images multiples qui jaillissent, alors, sous le pinceau des peintres précurseurs de Giotto. Deux tendances se rédament du fondateur : l'une que l'on appellera plus tard « conventuelle » (très observante de la règle), l'autre dite « spirituelle » (plus modérée et réaliste). Feuillet contemple ces oeuvres picturales, qui présentent chacune à leur manière un visage authentique de François. Les fresques de Subiaco reflètent son message de paix, le retable de Pesda (Toscane) son exigence de réconciliation, les portraits du peintre Margarito dédinent son humilité, les oeuvres du « Maître de saint François » sa pauvreté christique, etc. Jusqu'aux chefs-d'oeuvre de Cimabue dans la basilique d'Assise, qui, en 1278, récapitulent en une image « oecuménique » sa profonde humanité.
Giorgio Bonsanti, enfin, introduit ses lecteurs au coeur même de la basilique d'Assise. La nouvelle de la mort de François, le 2 octobre 1226, avait attiré à Assise tout ce que l'Italie comptait alors de génies. Si, sous l'or, le marbre la lumière et la couleur, « il est malaisé de retrouver le visage de Dame Pauvreté, l'âme de François est pourtant bien présente », écrivait en son temps Maurice Villain. Certes, la légèreté de l'architecture et la splendeur du décor confèrent à la basilique « joie » et « allégresse », et procurent au pèlerin le supplément d'âme qu'il recherche. Hélas, ce cantique se chante aujourd'hui sur le mode tragique, car, le 26 septembre 1997, un terrible tremblement de terre endommagea à tout jamais la basilique. Sans commentaire superflu, l'auteur livre à la contemplation les photographies que Ghigo Roli avait prises peu avant le drame.