Presses de la Renaissance, 2004,238 p., 15 €.

Conservateur général du patrimoine, directeur honoraire de l'Ecole du Louvre, président du Comité du patrimoine cultuel au ministère de la Culture, Dominique Ponnau a beau aligner les titres, ce n'est pas en fonctionnaire de la beauté qu'il écrit. Pour autant, qu'on ne cherche pas dans l'ouvrage quelques belles descriptions spirituelles des oeuvres d'art dont on le sait pourtant si familier ; qu'on n'y cherche pas non plus quelques profonds développements sur les rapports entre art et foi. On serait déçu.
Ce n'est pas l'homme de fonction qui parle, mais son être Le sacerdoce qu'il avance, c'est le sien, celui qui lui a été donné un être conduit par la Beauté pour la rayonner Si les confidences hésitent entre intimité et envolées baroques, et se faufilent entre oeuvres d'art et vie quotidienne, c'est que, pour lui, la marée bretonne, l'Harmonie du sou de Baudelaire, la fragilité humaine découverte petit garçon, le Requiem de Verdi, ses blessures d'adolescent, le bleu du Christ de La Hyre, les bleus de Fra Angelico, de Le Sueur, de Poussin, d'Yves Klein, la photo de quatre enfants rieurs... se rejoignent dans un regard purifié à la fontaine de Siloé. Car ce qui fait et qui est le coeur de l'ouvrage, c'est qu'à la Beauté Dominique Ponnau donne un nom Dieu.
Ecrivant à coeur ouvert, la sensibilité religieuse de l'auteur peut dérouter le lecteur plus familier des lectures ignatiennes. Mais au royaume de la Beauté divine, il y a plusieurs demeures, et si l'auteur ne mâche pas ses mots pour dénoncer tel ou tel affadissement dans la liturgie, voire telle profanation de la demeure sacrée, il reste d'une extrême tolérance pourvu qu'en tout choix le respect et l'amour soient premiers.
L'ouvrage est conduit comme une promenade tantôt artistique tantôt spirituelle, au gré de la pensée et des rencontres de l'auteur, et merveilleusement servi par une plume poétique et érudite