Dans la presse d'un journal de province, annonce est faite que les résidents d'un Ehpad local ont été vaccinés sans séquelles. Sur les réseaux sociaux, un post évoque pourtant l'éventualité de plusieurs morts. À partir de cette information erronée, se déclenche sur les mêmes réseaux une avalanche de critiques envers la directrice de l'établissement. Un exemple, parmi d'autres, de cette funeste agitation actuelle, causée par une réception de l'information sans vérification, sans élaboration et sans constitution d'aucun collectif, si ce n'est celui de la « horde ».
Veiller à l'exactitude des informations est certes bien nécessaire à la vie collective mais, plus encore, le travail en commun de leur réception. La démarche scientifique repose ainsi sur la mise en cohérence, à plusieurs, d'informations éparses dont l'agrégation donne lieu à une découverte. Un pan du réel soudain se révèle.
C'est aussi un travail collaboratif de rassemblement d'informations multiples qui est à la base de notre foi dans la résurrection du Seigneur. Le récit des pèlerins d'Emmaüs l'atteste : « À leur tour, ils racontaient [aux disciples de Jérusalem] ce qui s'était passé sur la route et comment le Seigneur s'était fait reconnaître parmi eux à la fraction du pain » (Luc 24,35).
Si mon apport conforte celui de l'autre, il nous est donné d'accéder, ensemble, à une réalité commune, plus large, plus profonde, qui s'offre alors. Cette entrée devient promesse de vie pour tous. « À vous d'en être témoins » (Luc 24,48). Le chemin de vie est synodal, chemin qui se découvre à plusieurs.