« Quand on a vu ça, on peut mourir tranquille. » Quelques secondes après la victoire de l’équipe de France de football en finale de la Coupe du monde face au Brésil en 1998, ces mots prononcés par un célèbre commentateur sportif (finalement décédé quatorze années plus tard) sont à mettre sur le compte de l’émotion suscitée par un événement au retentissement mondial et qui a rendu heureux un pays entier. En avoir été le témoin, au stade ou devant la petite lucarne, signifierait l’accomplissement d’une vie humaine. Si un tel aveu nous semble, à tête reposée, disproportionné, il n’en est pas moins révélateur du rapport passionnel reliant le sport à ses (télé)spectateurs.


Entre fraternité et violence, le stade


Les foules remplissant les stades ne sont pas un phénomène nouveau. Si de grandes enceintes continuent de sortir de terre ou d’être rénovées de nos jours, souvenons-nous de l’adage antique, « du pain et des jeux » : déjà, les Grecs puis les Romains bâtirent des lieux susceptibles d’accueillir un public nombreux pour lui permettre d’assister à l’ancêtre du sport moderne. Ces « jeux », à l’issue parfois tragique, n’en étaient pas moins précurseurs