Jean Paul II est passé à Dieu, après avoir permis tant de passages. Nous sommes, chacun, dans le travail intime de la mémoire, du deuil et de la gratitude pour tout ce que Dieu nous a donné par ce serviteur de la foi. Une moisson de paroles, de gestes, d'écrits lève silencieusement en nous.
Entre tous, je veux évoquer le geste inouï, à Jérusalem, d'un évêque de Rome voûté, tremblant, glissant sa lettre de repentance entre les pierres du mur des Lamentations. Comment mieux dire le point d'arrivée d'un pontificat et les nouveaux commencements qu'il permet ? A la fin du Jubilé de l'an 2000, Jean Paul II fit entendre la parole du Christ à Pierre : « Avance au large ! », écho du « N'ayez pas peur ! » initial.
Pendant trois semaines, l'Eglise a comme retenu son souffle, se rassemblant spirituellement. Tournés vers Rome, bien des baptisés ont vécu dans une communion profonde le passage de témoin entre Jean Paul II et Benoît XVI. La façon dont le vieux lutteur est mort, bercé et accompagné par les prières et les chants qui s'élevaient de la place Saint-Pierre, a apporté une note de paix et de douceur à son dernier combat. Dans l'eucharistie d'inauguration de son pontificat, Benoît XVI s'est écrié à plusieurs reprises : « L'Eglise est vivante ! », pour qualifier l'expérience de Dieu que vivait alors la communauté ecclésiale : en ces jours, nous avons saisi davantage comment Dieu est présent aux siens, dans l'histoire. Nous ne savons pas ce que sera ce pontificat, mais nous avons perçu sans doute de façon plus claire comment le Christ, le bon pasteur, porte notre humanité et l'humanité de son Eglise. Benoît XVI, plusieurs fois ces jours là, nous a parlé de l'amitié avec Dieu et du service de cette amitié. Le ministère pétrinien comme ministère pastoral a été éclairé de l'intérieur : « Il n'y a rien de plus beau que d'être rejoints, surpris par l'Evangile, surpris par le Christ. Il n'y a rien de plus beau que de le connaître et de communiquer aux autres l'amitié avec lui. La tâche du pasteur, du pêcheur d'hommes, peut souvent apparaître pénible. Mais elle est belle et grande, parce qu'en définitive elle est un service rendu à la joie de Dieu qui veut faire son entrée dans le monde. » Nous avons entendu également ses appels vibrants à l'unité de l'Eglise, à recevoir de Dieu.
« Comment Christus, comme revue de formation spirituelle, va témoigner de son propre recueillement ? », interrogeait un ami de la revue. En mai, nous avons publié un hors série attendu sur « Marie, celle qui a cru ». Il est devenu un hommage à Jean Paul II, qui a tant oeuvré pour que les catholiques se tournent vers Marie. Dans cette nouvelle livraison, sur le recueillement, le P. Henri Madelin revient sur la façon dont ce pape, en homme de prière et d'intériorité, a « recueilli » les jeunes, les invitant à rentrer en eux-mêmes, pour vivre l'Evangile. Nous reviendrons sur l'amitié avec Dieu en janvier prochain. Nous commençons ainsi dans Christus à recueillir les fruits de l'itinéraire spirituel que Jean Paul II a fait parcourir à l'Eglise, tournés vers l'avenir que Dieu veut pour elle.