La vocation n'est pas un concept psychanalytique mais deux éléments me permettent de la considérer selon cette perspective. Le premier est le souvenir d'une phrase entendue, il y a bien des années : « La vocation relève plus de la parole que de l'image. »1 La formulation relève d'un vocabulaire et d'une démarche qui résonnent avec le travail psychanalytique et donne une orientation à cet article : la vocation est moins un projet à mettre en œuvre, c'est-à-dire une projection de l'image que nous nous faisons aujourd'hui de nous-même dans le futur ; elle est plus une parole, déjà là, à écouter dans notre corps et dans notre histoire, qui permet une présence à la vie, sans l'anticiper. Le deuxième élément, qui fournit le point de départ de notre réflexion, est le propos d'un patient, tout juste trentenaire, lors d'une séance. Il indique l'influence des super-héros de Marvel dans sa manière d'inventer son destin et de chercher la réalisation de sa vie. Il s'inscrit sans le vouloir dans la longue tradition occidentale des récits de formation, jalonnée par l'importance des romans de chevalerie à l'époque moderne ou l'exaltation des figures de poètes maudits par les romantiques. Les dilemmes de l'amour courtois et les défis de l'héroïsme guerrier dessinent2 le parcours d'initiation des premiers ; les seconds sacrifient leur vie à l'art dont ils se découvrent porteurs.

Spider-Man fait décoller mais coupe la parole

Parmi tous les super-héros, Spider-Man est un des plus intéressants3. Peter Parker est un étudiant élevé par son oncle et sa tante. Un