Il est fréquent d'invoquer la perte du sens de l'engagement quand les responsables et les militants d'œuvres sociales fort utiles peinent à se renouveler, tant dans l'Église que dans la société. Pourtant, la crise d'une forme culturelle de militance, qui triompha récemment dans la figure historique du militant syndical ou dans celle du militant d'action catholique, n'a pas empêché l'éclosion actuelle de formes nouvelles d'engagement. Mais peut-être avons-nous du mal à qualifier d'engagement des manières de vivre, d'agir ou de combattre plus parcellaires, moins durables, moins prenantes, que la figure du militant qui habite nos mémoires. Ces formes nouvelles nous mettent à distance du modèle du moine, de l'officier, du professeur ou du médecin, de quelqu'un dont la vie semble entièrement donnée et polarisée par une vocation à un service défini qui l'habite. Il vaut la peine d'interroger à nouveaux frais la notion d'engagement. Avant de nous renvoyer à des figures types de l'engagement, cette notion indique d'abord un désir habité par les sentiments que fait naître en nous la résonance aux situations : amour, compassion, colère, indignation... C'est le commencement possible d'une relation nouvelle, plus libre et