FRÉDÉRIC-MARIE LE MÉHAUTÉ O.F.M. Ingénieur, Toulouse.
KATIA MIKHAËL Xavière, médecin du monde, Toulouse. A publié : Une pensée sociale qui nous guide, Ra dy printing press (Liban), 2011.
ALAIN J. RICHARD O.F.M. Prêtre, Toulouse. A publié : Piliers pour une culture de la non-violence (L’Harmattan, 2001) et La vie dans le refus de la violence (avec C. Henning, Albin Michel, 2009).
 
La violence aux mille visages se prétend inévitable et bénéficie de la complicité de ceux qui l’acceptent comme légitime ou comme une fatalité. Encouragées par l’Évangile ou par la méthode du Mahatma Gandhi, des personnes se dressent face aux violences, faisant confiance aux richesses intérieures des êtres humains. Croyantes ou non, elles affirment que leur vie en est devenue plus vraie et unifiée. Les trois catholiques qui livrent ce texte témoignent de leur chemin spirituel à travers des engagements non violents. Leur relation au Dieu de Jésus Christ y tient une place centrale.

Frédéric-Marie Le Méhauté

Au fondement de mon chemin spirituel, il y a la rencontre avec l’amour inconditionnel de Dieu. Très tôt, le regard du Christ sur notre réalité humaine m’a touché. En même temps, la violence s’était imposée à moi dès l’enfance : dans les images de guerre à la télévision, les femmes qui pleuraient se ressemblaient dans les deux camps. Pourquoi toutes ces destructions ? Guerres, pauvre­tés… L’image de Dieu était défigurée et devenait, d’une certaine façon, irréelle sans ma réponse. Puis vint la confrontation à la complexité du réel : le bien et le mal sont mêlés. Alors sur quelles bases agir ? L’Évangile n’est-il finalement qu’un idéal loin de la réalité ?
J’ai vécu quatre ans au Japon. Ce pays m’a profondément touché. Mais dans sa culture qui n’a pas été modelée par l’Évangile, la vision de l’homme comme personne ne va pas de soi. Les évidences de mes structures culturelles ont été ébranlées en leur fondement et, en vivant cette déstabilisation, j’ai été plus attentif aux violences dans la vie quotidienne. J’ai longtemps vécu une aspiration intérieure à la prière, à la méditation, sans lien avec mon engagement extérieur, social, pro­fessionnel. Le bouddhisme a été pour moi une