La pandémie n'a pas fini son travail de transformation de notre monde. Mais, déjà, elle nous replonge collectivement dans le bain de l'Histoire, tout à la fois incertaine et transformante. Celle-ci ne peut aller sans les crises, ni sans leurs corollaires de vie : la nécessité et la possibilité de mobiliser des libertés humaines. Par ailleurs, l'Histoire et les événements passés résonnent à nouveau en nous, avec leurs moments où la liberté d'un homme se dresse et entraîne celles des autres, comme ce fut le cas du Général de Gaulle le 18 juin 1940. Chose étrange, la même dynamique est à l'œuvre dans l'Évangile.

Au moment crucial où les foules commencent à le quitter, Jésus s'adresse aux disciples (Marc 10,32-45). Il annonce ce qui va lui arriver : trahison, abandon, échec et mort mais aussi résurrection. Ce sens déployé et assumé lui donne de susciter et recevoir les libertés des autres telles qu'elles s'expriment, aussi bien celles de Jacques et de Jean qui rêvent de gloire, que celles, envieuses, des autres Apôtres. Chacun reçoit une parole pour s'orienter, l'offre d'un avenir propre, inclus dans l'avenir collectif. Le groupe surmonte ainsi l'épreuve et s'ouvre à son devenir.

Au cœur de la crise, sachons simplement recevoir l'appel adressé à notre liberté pour mobiliser nos capacités humaines. Cet appel nous met à la suite du Christ, pour que nous osions tracer un chemin de vie ou pour que nous reprenions le chemin commencé par un autre. Dans les temps d'incertitudes et de troubles, les grands hommes ou femmes sont ceux et celles qui, à partir de la considération de la situation, sont capables d'ouvrir l'avenir pour eux et pour les autres.