La Bible… beaucoup la lisent, la redécouvrent aujourd'hui, s'affairent autour de ses textes avec les outils de la science ou la ferveur du croyant. Mais cette heureuse nouvelle, qu'il ne s'agit certes pas de bouder, n'empêche pas de remarquer que plus d'une fois la vraie vigueur du texte échappe à nos lectures. De fait, il ne suffit pas d'ouvrir tout seul le livre pour qu'un sens consistant lève du silence de ses mots. L'ouvrir à plusieurs est déjà un bon pas, puisque c'est répondre à la convocation qui scande ses textes. Mais, même ainsi, le livre peut être privé de sa liberté d'expression, ramené aux piètres limites du désir humain, écrasé sous le poids des a priori du lecteur. La tradition juive le sait depuis longtemps : de même que le livre n'existe que d'être transmis, de main en main, dans ce qui s'appelle « tradition », de même il ne s'ouvre effectivement qu'à celui qui consent à apprendre d'un autre à le lire. Appelons ici ce tiers un « maître ». Entendons un lecteur en position d'éclaireur, qui a déjà risqué l'aventure, qui est expert dans la connaissance des chemins du texte, des aiguillages qui permettent d'y progresser, mais aussi averti des empêchements qui retiennent d'entendre, faux-fuyants, ruses inconscientes pour éviter les chemins escarpés qui font précisément l'intérêt de la marche. Dolores Aleixandre fait partie de ces guides experts, dont il est bon de se faire disciple.
Les lignes qui suivent voudraient simplement formuler cet encouragement : « Prends et lis », en donnant un peu idée des gains qu'on y trouvera. Bibliste et théologienne, l'auteure a enseigné des années durant à l'université jésuite Comillas de Madrid. Elle a aussi beaucoup rencontré, regardé et écouté le monde des pauvres, des humbles, des souffrants, en Espagne et en Amérique latine. Elle sait ainsi convertir de doctes savoirs exégétiques en parole partageable à tous, en résonance puissante avec tout ce qui fait le souci et l'attente d'une vie humaine. Surtout, elle est porteuse d'une intelligence ardente, libre et libératrice, de ce Dieu dont la révélation s'emploie à