Elle naît dans le « oui » fragile et ferme de Marie et de Joseph à Dieu et entre eux, qui transforme leur relation et leur fécondité. Un "oui" qui fonde leur amour en source de vie éternelle. Ce qui s’engendre en eux et par eux sous la mouvance de l’Esprit est déjà le Règne de Dieu, dans « l’humus » de leur vie et de leur réseau familial et social. Marie enfante le Fils dans cette humilité faite de douceur et de recueillement malgré  la dureté des circonstances et souvent des coeurs. Eglise baptismale, humble et familiale, de tous les commencements.

Elle chante et célèbre Dieu ami des hommes dans la louange qui habite le cœur et la vie nocturne des bergers. Désencombrés d’eux-mêmes, à l’écart des richesses et valeurs confortables du monde, ils guettent le moindre signe de salut et de paix pour l’avenir du troupeau. L’Esprit qui couvrit Marie illumine leur nuit et les entraîne joyeusement là où la bonté se donne gratuitement et déborde sans retour ni exclusion.

Emerveillé, chacun, devant le nouveau-né, se découvre attendu comme une promesse, espéré comme un hôte, respecté et pardonné comme un frère. Eglise eucharistique, fruit et signe de la justice de Dieu, toujours à raviver.

Elle trouve sa route en humanité dans le discernement des mages. Hommes de science et de sagesse que la performance des résultats ne fascine pas, ils sont en quête d’une vérité qui mène au plein sens de l’homme et de la cité. La Promesse de Dieu remplit d’allégresse la rigueur de la recherche. L’Esprit alors vient discerner dans l’écoute et le désir des hommes, l’étoile qui ouvre l’avenir de justice et de paix, et l’intention mensongère qui le piège et le tourne en violence infanticide. Eglise toujours en recherche, chemin prophétique pour tous les hommes de bonne volonté.

 

Blessée par les mensonges et les déviances, altérée par les raideurs, les inimitiés et les sensibilités opposées, l’Eglise n’en continue pas moins d’être cette crèche vivante de l’humanité, si perceptible et touchante localement. Elle ne se lasse pas d’attirer, d’émerveiller, de mettre en route et de susciter des initiatives, des relations et des solidarités nouvelles, signes d’espérance dans un monde fracturé, « en travail d’enfantement »(Rm 8,22).


Bon Noël et bonne année à tous nos amis de Christus !

Remi de Maindreville sj