Ainsi parlait Zarathoustra. » On connaît la célèbre conclusion de soixante-trois des quatre-vingt-deux chapitres du grand oeuvre de Nietzsche, et qui a fourni le titre à son ouvrage. A mesure que les quatre parties de l'ouvrage se développent, ce refrain est moins souvent rappelé. En particulier, ce qui relève du Lied, du cantique, s'achève sans cette signature, en une ouverture peut-être religieuse à l'infini. Eclate alors quelque chose qui ressemble à une prière intense : « Les sept sceaux, ou le cantique du oui et de l'amen. » On est même en droit de préciser : une intense prière au moins parachrétienne, qui se mesure avec les sept sceaux de l'Apocalypse (5 à 8) et la figure même de Jésus, lequel est désigné comme « oui » et « amen » en 2 Corinthiens 1,18-22 1. Il faut, hélas, se contenter ici de ne citer que le septième de ces « sept sceaux ».
 « Si jamais, au-dessus de moi, j'étendis des ciels de silence et m'envolai de mes propres ailes en mon propre ciel,
si je jouai à nager dans les profonds lointains de lumière et que me vint l'oiseau-sagesse de ma liberté, —
— lors même que l'oiseau-sagesse me parle ainsi : "Vois, il n'y a rien en haut, rien en bas ! Jette-toi tout autour, en avant, en arrière, toi le léger ! Chante ! Ne parle plus !
— toutes paroles ne sont-elles pas faites pour les lourdauds ? Toutes paroles ne mentent-elles pas au léger" —
ô comment ne devait pas me monter une chaleur vers l'éternité et les noces de l'anneau des anneaux — l'anneau du [de l'éternel] retour ?
Jamais encore je ne trouvai la femme dont je voudrais des enfants si ce n'est cette femme que j'aime : car je t'aime, toi, ô éternité !
Car je t'aime, toi, ô éternité 
! »

Dans les années 1880, l'étonnant penseur-poète a vécu à fond le drame de la mystique post-chrétienne devenue si tentante pour nos