Éd. D. Tronc. Éditions du Carmel, coll. « Sources mystiques », 2005, 576 p., 47 euros.
Sous le titre Le Directeur mistique fut publié en 1726, par un groupe de disciples de Madame Guyon et de son éditeur, le pasteur Poiret, un ensemble de traités et de correspondances qui étaient attribués pour l’essentiel à l’abbé Jacques Bertot, directeur de Jeanne Guyon dans sa jeunesse puis des bénédictines de Montmartre. Poiret n’avait pas eu le temps, ou l’intention, de publier ces textes d’origines diverses, datant de la deuxième moitié du XVIIe siècle et typiques du courant mystique illustré par Bernières, dont Bertot avait été proche, puis Malaval et Madame Guyon. Après la condamnation de Fénelon, en 1699, la littérature guyonnienne interdite avait émigré dans le méthodisme et le piétisme. Le Directeur mistique, paru aux Pays-Bas, n’avait guère été répandu en France (où ne resteraient que deux exemplaires).
Ces textes, où se font sentir les influences rhéno-flamande et carmélitaine, sont représentatifs d’une spiritualité qui continuait à se diffuser chez nous dans la confidentialité de la direction de conscience et de la circulation de manuscrits (le Pseudo-Caussade, par exemple). Certains sont de Bertot, d’autres de Madame Guyon, d’autres encore d’auteurs inconnus (l’un d’entre eux au moins pourrait être du jésuite Rigoleuc), mais il est impossible de dire la part qu’ont prise Madame Guyon ou d’autres dans leur réécriture.
Publier aujourd’hui une partie de cet ensemble est une heureuse initiative. Mais on ne suivra pas l’éditeur lorsqu’il croit pouvoir établir, en annexe, l’arbre généalogique d’une « école quiétiste du pur amour » tout au long du XVIIe siècle. D’abord, ces auteurs n’avaient pas le sentiment d’appartenir à une « école » quelconque ; en outre, le mot « quiétisme » (synonyme d’illuminisme) ne s’applique, en rigueur de termes, qu’à certains écrits condamnés par l’autorité romaine à l’extrême fin du siècle. Mieux vaut parler d’un « courant mystique ».
Sous le titre Le Directeur mistique fut publié en 1726, par un groupe de disciples de Madame Guyon et de son éditeur, le pasteur Poiret, un ensemble de traités et de correspondances qui étaient attribués pour l’essentiel à l’abbé Jacques Bertot, directeur de Jeanne Guyon dans sa jeunesse puis des bénédictines de Montmartre. Poiret n’avait pas eu le temps, ou l’intention, de publier ces textes d’origines diverses, datant de la deuxième moitié du XVIIe siècle et typiques du courant mystique illustré par Bernières, dont Bertot avait été proche, puis Malaval et Madame Guyon. Après la condamnation de Fénelon, en 1699, la littérature guyonnienne interdite avait émigré dans le méthodisme et le piétisme. Le Directeur mistique, paru aux Pays-Bas, n’avait guère été répandu en France (où ne resteraient que deux exemplaires).
Ces textes, où se font sentir les influences rhéno-flamande et carmélitaine, sont représentatifs d’une spiritualité qui continuait à se diffuser chez nous dans la confidentialité de la direction de conscience et de la circulation de manuscrits (le Pseudo-Caussade, par exemple). Certains sont de Bertot, d’autres de Madame Guyon, d’autres encore d’auteurs inconnus (l’un d’entre eux au moins pourrait être du jésuite Rigoleuc), mais il est impossible de dire la part qu’ont prise Madame Guyon ou d’autres dans leur réécriture.
Publier aujourd’hui une partie de cet ensemble est une heureuse initiative. Mais on ne suivra pas l’éditeur lorsqu’il croit pouvoir établir, en annexe, l’arbre généalogique d’une « école quiétiste du pur amour » tout au long du XVIIe siècle. D’abord, ces auteurs n’avaient pas le sentiment d’appartenir à une « école » quelconque ; en outre, le mot « quiétisme » (synonyme d’illuminisme) ne s’applique, en rigueur de termes, qu’à certains écrits condamnés par l’autorité romaine à l’extrême fin du siècle. Mieux vaut parler d’un « courant mystique ».