Les hommes de science, les obstétriciens, ont fini par coloniser ce domaine dont ils étaient exclus mais, s'ils ont étendu leur savoir technique au corps des femmes, il n'est pas sûr qu'ils aient épuisé ce qu'il contient de mystère et peut-être bien de sacré, fascinant et terrifiant à la fois. Il se peut que les hommes de foi aient eu parfois la même ambition. Mais l'Évangile est pour tous, et tous sont requis pour, ensemble, le transmettre et en vivre.

Le corps des femmes

Les femmes ont un savoir du corps qui n'est pas strictement identique à celui des hommes. Une femme apprend toute jeune que son corps saigne. Chaque mois. Qu'il y a là comme une ouverture, par laquelle de la vie, du sang, s'échappe. Ce sang l'inscrit dans une certaine forme de temporalité, un cycle, qui fait que les jours ne sont pas tous semblables. Symboliquement, le sang est très « chargé », il ne s'écoule ordinairement que des blessures, et celui qui en perd trop est en danger de mort. Aussi, les femmes ont été longtemps déclarées impures pendant leurs règles, ce qui n'est pas une catégorie morale, mais une catégorie légale. En effet, est impur symboliquement ce qui n'est pas « à sa place », rappelle la grande anthropologue Marie Douglas1. Or, du sang qui sort d'un corps n'est pas « à sa place ». Ce qui fait effraction avec le sang des règles, c'est à la fois la fécondité qu'il révèle, mais aussi la possibilité de la mort, et cette frontière si ténue qu'elle en est vertigineuse entre la vie et la mort.

Une femme, lorsqu'elle grandit, apprend de l'intérieur de sa chair, de l'intérieur de ses entrailles, que