Devant chaque décision à prendre, je me trouve sur le seuil, tel Cébès dans les premières phrases de Tête d'or1 : dans un état d'ouverture foncier face à un avenir qui m'est en grande partie inconnaissable, je suis remis à moi-même non seulement pour me penser mais surtout pour me faire. Dans le même temps où par un « me voici » je réponds en première personne, j'éprouve comme une douleur l'impossibilité de me décider pour ceci ou pour cela : que faire ? Comment user de cette liberté qui m'apparaît soudain comme une dignité onéreuse et dérisoire ?
Je peux alors évoquer avec nostalgie ces temps, en grande partie rêvés, où je me trouvais comme porté par le courant de la vie sans écartèlement intérieur, sans différence de moi à moi, sans hésitation. Pourtant, l'indécision – temps d'arrêt, temps du non-agir – est condition d'une action vraiment humaine. Dans ses points de suspension se creuse l'espace de la délibération et de la réflexion. De même que