Me voici
Imbécile, ignorant,
Homme nouveau devant les choses inconnues,
Et je tourne la face vers l'année et l'arche pluvieuse, j'ai plein mon cœur d'ennui !
Je ne sais rien et je ne peux rien. Que dire ? Que faire ?
À quoi emploierai-je ces mains qui pendent ?
Ces pieds qui m'emmènent comme les songes ?

Devant chaque décision à prendre, je me trouve sur le seuil, tel Cébès dans les premières phrases de Tête d'or1 : dans un état d'ouverture foncier face à un avenir qui m'est en grande partie inconnaissable, je suis remis à moi-même non seulement pour me penser mais surtout pour me faire. Dans le même temps où par un « me voici » je réponds en première personne, j'éprouve comme une douleur l'impossibilité de me décider pour ceci ou pour cela : que faire ? Comment user de cette liberté qui m'apparaît soudain comme une dignité onéreuse et dérisoire ?

L'indécision, marque de la conscience

Je peux alors évoquer avec nostalgie ces temps, en grande partie rêvés, où je me trouvais comme porté par le courant de la vie sans écartèlement intérieur, sans différence de moi à moi, sans hésitation. Pourtant, l'indécision – temps d'arrêt, temps du non-agir – est condition d'une action vraiment humaine. Dans ses points de suspension se creuse l'espace de la délibération et de la réflexion. De même que