Trad. cisterciennes de Clairefontaine. Lessius, 2006, 96 p., 13,50 euros.

Voilà un essai vif qui peut accompagner la réflexion actuelle sur les voeux religieux, souvent bien peu compris dans le monde contemporain. D’emblée, Jacques Haers, jésuite et professeur de dogmatique à l’Université de Louvain, pose le décor : « On pourrait (...) définir formellement les religieux comme des personnes qui professent les trois voeux — obéissance, pauvreté, chasteté — et les prennent pour guides afin d’orienter leur vie. »
À travers un propos clair, l’auteur situe tout à la fois les trois engagements comme une tradition, une « mémoire évangélique », ainsi que l’écrivait Jean- Claude Guy, et « une aventure, une exploration, une vie faite de chutes et de relèvements », situés dans le temps présent et l’attente du Royaume.
Mais quel peut être le sens d’une vie religieuse aux frontières dans un monde de globalisation et de communication, où tant de barrières sont abolies ? En se situant justement dans les marges, aux lieux des limites de notre culture, à travers aussi la promotion d’un « art de vivre » plus humain qui vient témoigner de la proximité de Dieu, les religieux retrouvent là toute leur pertinence et leur dimension de signe.
Relisant avec bonheur la trilogie classique des voeux, le P. Haers souligne combien l’obéissance favorise un « remodelage d’amour », l’apprentissage d’« un regard aimant et plein de tendresse pour les autres » qui peut signifier aussi la disponibilité à l’appel du frère opprimé. Être pauvre doit conduire à refuser la misère, les pauvretés du monde qui écrasent la dignité humaine, tout en invitant à un nouveau « goût de vivre », une forme de dépendance choisie. Quant à la chasteté, l’auteur y voit, en une formule tout ignatienne, « le voeu du discernement des mouvements de notre propre coeur ou des mouvements qui habitent la communauté à laquelle on appartient ».