Évoquer une spiritualité au féminin conduit à accueillir la tradition spirituelle comme un bien partagé. Tout ce qui vient enrichir une présence évangélique dans le monde, toute manière singulière d'écouter et de mettre en œuvre la parole de Dieu portée en Église par des hommes ou des femmes, profitent à tous et font croître le règne de Dieu.
De ce point de vue, le XVIIe siècle fut l'un des plus créatifs dans l'Église et la société. Malgré une séparation contraignante des sexes et des rôles, des liens d'amitié spirituelle se développèrent au point de donner naissance à des initiatives apostoliques d'envergure mondiale, où hommes et femmes s'entraident. Une telle créativité révèle la force spirituelle du désir naissant, du manque auquel hommes et femmes sont soumis. Cette force amoureuse et cachée, cette attente mystique et tragique de l'autre, les sculptrices Camille Claudel et Louise Bourgeois ont su l'exprimer à partir de leur expérience singulière de femmes.
Quelques attitudes typiques d'une manière féminine d'exister, comme un sens de la gratuité et de l'audace de l'amour, une capacité à se tenir dans l'obscur, le goût d'une parole qui est d'abord écoute… pourraient inspirer avantageusement le corps ecclésial tout entier, pour le profit de tous.