Est-il besoin de rappeler que l'actualité de la vie de l'Église catholique multiplie jusqu'au vertige les raisons de se retrouver aujourd'hui dans l'indignation, la stupéfaction, une sidération scandalisée... les raisons d'être dans la colère, tout simplement ? Certes, l'histoire de l'Église aura abrité au long des siècles, en contrepoint d'une très réelle et édifiante sainteté, bien des formes de turpitudes déclinées selon toute l'inventivité du mal. Mais, de fait, la nature des crimes qui sont aujourd'hui dénoncés, dans une conjoncture plus attentive à la violence faite aux enfants, plus sensible à l'immémoriale violence masculine exercée contre les femmes, fait que le scandale éclate avec une violence inédite. Et, parce qu'en ce monde postchrétien, ceux et celles qui demeurent encore fidèles à l'Église ont acquis souvent une saine maturité, qui leur donne une juste assurance (parrhèsia) dans leur rapport à l'institution. Le discours de la dénonciation des crimes jusque-là étouffés s'enfle désormais plus aisément de révolte.
Au vrai, les réactions sont multiples. Certains désertent, tantôt silencieusement, tantôt en déclarant publiquement leur rupture dans des démarches plus ou moins tapageuses. Le phénomène s'atteste statistiquement. D'autres, au sein même de l'institution, choisissent l'arme du déni, en reportant la responsabilité de la tragédie sur le monde ambiant qui aurait contaminé l'Église. Thèse fallacieuse, puisque les crimes dénoncés se sont logés dans des lieux réputés de piété éminente, ont prospéré à l'abri d'une respectabilité de renouveau spirituel. Ou encore, ose-t-on dire, tout le mal viendrait de médias malveillants, acharnés à la ruine de