La Bible ne nous offre pas de traité de l'abandon, comme l'ont fait Jean-Pierre de Caussade ou, à sa façon, Jean de la Croix. Ce n'est pas trop la manière de faire de la Bible, dans le vécu et l'expression de la foi. Il est clair, cependant, que cette expérience de l'abandon – entendue comme un renoncer, un laisser, un quitter, un « ne plus s'occuper de », voire un « se détendre en se laissant aller1 » – est éprouvée par l'homme biblique, dans sa relation aux autres, à la création, à Dieu. Proposons-nous donc de percevoir, peut-être de « sentir et goûter », les diverses facettes de cette expérience qui sollicite, à certains moments de leur vie, quelques personnages bibliques. […]

« Tu m'apprends la sagesse » (Ps 51 [50], 8)

Coupable d'un triple crime dans l'aventure avec Bethsabée (2 S 11 – 12), David aura à subir la lourde punition que le prophète lui annonce. Triple crime : l'adultère avec la femme d'Urie, l'assassinat par personne interposée du soldat et le rapt que met en évidence la parabole du prophète Natân. Les crimes clairement établis, il s'ensuit une condamnation et une peine qui ne sera pas la peine de mort juridiquement prévue. Le crime ou le délit doivent être punis. Et ce n'est nullement contradictoire avec le pardon, si tant est que l'un et l'autre, le pardon et le châtiment, tentent de mettre fin à un mal qui pourrait continuer indéfiniment2.

Devant la confession de David : « J'ai péché contre le Seigneur » (2 S 12,13 ; cf. Ps 51 [50], 5-6), le Seigneur pardonne.