Sauf deux ou trois articles déjà publiés, tous ont été écrits pour l’occasion. Voici donc un beau et passionnant arrêt sur une image très actuelle de la pédagogie des institutions scolaires ignatiennes.
Celles-ci sont pour l’essentiel de collèges français de la mouvance jésuite. Dans leur grande majorité les auteurs des articles sont des jésuites. La Belgique et l’Italie, à peine, fournissent un heureux alibi d’internationalité.
 
Ouvrons ce numéro :
- trois articles d’ouverture croisent deux grands fils historiques, celui du ratio studiorum relu par J-Y Calvez, et celui de la spécificité congréganiste dans l’enseignement catholique français par A. Blandin. Deux données incontournables pour élaborer et saisir dans toute sa pertinence actuelle le Projet pédagogique ignatien (J-P Lamy).
 
On aura aussi tout intérêt à se reporter aux articles de B. Gillibert et E. Vandermeersch très documentés sur la création des collèges, et les apports de la Loi Debré qui donne son cadre législatif à l’Enseignement catholique. (Annexe)
 
Peut alors se dire, comme un « Principe et fondement » le désir de revenir aux sources spirituelles de la pédagogie ignatienne qui a présidé à cet ouvrage : l’expérience d’Ignace telle qu’il la fait partager dans les Exercices spirituels. La distance entre le XVIe siècle et aujourd’hui n’empêche pas de reconnaître un même esprit à l’œuvre dans l’animation des établissements. Pédagogie du désir, de la décision, a priori de bienveillance, sens de l’excellence et du dépassement.
« Ignace découvrait en lui que l’affectivité est l’élément de l’homme, son milieu en quelque sorte puisque toute lecture, pensée, parole, personne… viennent me toucher. Je fais l’expérience de moi-même, des autres et du monde par la manière dont je suis affecté… C’est ainsi que je peux entrer dans une manière libre de conduire ma vie, avec raison et sagesse. » (P. Goujon, La relation de l’homme à Dieu selon Ignace).
 
Pédagogie de l’éthique 
Respect et souci de la personne demeurent les enjeux humains et spirituels essentiels pour éduquer ceux et celles en qui, avant tout, on espère (M. Léna). 
À l’époque de la domination des sciences et des images, cela se décline en enjeux éthiques, car « l’enseignant met en œuvre, qu’il le veuille ou non une pédagogie de l’éthique, au cœur de ses choix professionnels et des expériences qu’il donne à vivre à ses élèves… » (M-F Jallade).
Mais il y faut aussi de l’exercice pour que l’élève trouve une liberté dans une société du virtuel très prégnante : « L’inviter à jouer les situations d’images qui l’ont bouleversé non seulement selon son souhait, mais aussi en l’invitant à prendre successivement chacun des rôles… lui permet d’éprouver d’autres positions possibles… Dans notre société du virtuel, un tel ressort pédagogique nous situe de plain-pied pour accompagner les adolescents qui se cherchent par jeux vidéo interposés ou pour affiner ce qui se dévoile dans les nouvelles approches induites par les réseaux sociaux » (P. Sevez).
 
Enfin, la 3e partie - Une pédagogie en œuvre -  est très riche en expériences diverses et stimulantes. Faire « goûter et sentir les choses intérieurement » s’y lit comme l’objectif majeur de pédagogues dont le modèle est maintes fois référé à l’accompagnateur des Exercices spirituels. La pédagogie du Mej en finale ouvre un dynamisme collectif et ecclésial bienvenu.
 
Bonne lecture !
 
Remi de Maindreville

L’espace de l’éducateur (extrait d'un des articles du HS)
 « Un véritable éducateur, engagé de façon libre et responsable dans sa profession, s’aperçoit vite que celle-ci n’a pas de limites bien définissables, en ce qu’elle touche à quelque chose de « sacré »… Quelque chose d’autre (qui n’est de l’ordre ni du produit ni du résultat programmable de son action) fait irruption au centre de la relation éducative, même si l’éducateur n’arrive pas à le nommer ».
 
Vitangelo Denora