Parcourons, avec audace, l'ensemble de l'Ancien Testament en y explorant l'attention que se portent mutuellement le lecteur et Dieu. Première page de la Bible… première ligne… premiers mots… Le lecteur est invité à prêter attention au texte et à faire confiance en celui qui commence le récit, à savoir le narrateur anonyme (Gn 1, 1). C'est bien lui qui a le premier mot (« Au commencement… »), qui conduit l'action et s'apprête à introduire chacun des personnages parmi lesquels, le premier, Dieu. Ainsi, dans la Bible, les premiers à prêter attention sont conjointement le narrateur et le lecteur qui sont invités à se faire confiance, même si la suite entraîne le second dans un imaginaire qu'il sait distant de la réalité. C'est cette confiance mutuelle qui permet au personnage de Dieu d'entrer en scène. Autrement dit, sans cette complicité de départ entre le lecteur et le narrateur, Dieu ne pourrait pas exercer son attention sur le monde qu'il s'apprête à créer.

La première attention de Dieu concerne son propre agir : afin de devenir ce Créateur, il se doit de transformer le vent (Gn 1, 2), potentiellement dévastateur, en un élément maîtrisé qui donne souffle et qui, complémentairement à la voix, permet à la parole de s'exprimer et d'être l'unique élément créateur : « Dieu dit… » (Gn 1, 3). La deuxième attention de Dieu est axée sur la Création : de jour en jour, celle-ci est conçue dans le respect et la complémentarité d'éléments différents. Ainsi se crée une unité