Lorsqu'une perte nous accable, deux voies s'offrent à nous. Affronter cette épreuve en puisant dans nos seules ressources, où l'affronter grâce à autrui, en qui nous choisissons de placer notre confiance. Et si nous voulons vivre dans la foi en Dieu, c'est en lui-même qu'il nous invite à placer cette confiance, sans réserve aucune. Mais l'expérience ne nous apprend-elle pas que celui que nous prions comme le Dieu tout-puissant semble ne pas pouvoir – ou même ne pas vouloir ! – mettre fin à notre épreuve en compensant notre perte par une pleine consolation, à défaut de restituer ce que nous avons perdu ? Au cœur de la tentation de douter de la bonté de Dieu pour nous, la foi nous présente Jésus comme le modèle de l'attitude à adopter : non pas se fier à ses propres forces, mais s'abandonner en toute confiance à Dieu, accueilli comme Père infiniment aimant, même si les apparences sont contraires. Mais, devant ce modèle incomparable, nous éprouvons notre impuissance. Tout d'abord parce que nous ne connaissons pas l'expérience intime de Jésus, sa façon personnelle de faire face aux pensées et aux émotions, de s'en remettre à son Père, et ne connaissons donc ce qui est à imiter que de façon très imparfaite. Et surtout car nous éprouvons douloureusement que, pour nous, la confiance n'est pas, comme elle l'était pour Jésus, une disposition innée, permanente, mais un bien à recevoir, afin qu'il nous transforme de fond en comble.
C'est pourquoi il est précieux de pouvoir compter sur l'expérience de frères et sœurs dans la foi qui, au cœur des pertes qu'ils n'ont pas manqué de subir, se sont laissé peu à peu conformer à Jésus, jusqu'à s'en remettre à