Engagée dans un engrenage, la pièce est contrainte, elle n'a plus de jeu, plus de liberté. On comprend que l'engagement fasse peur, et ce d'autant plus qu'il est pris au sérieux. Mais des questions s'imposent : s'engager, est-ce vraiment perdre toute liberté ? L'être humain n'est pas la pièce inerte d'une machine et l'engagement ne se mesure-t-il pas au contraire à l'aune d'une liberté conquise ? Que met-il en jeu ? Les chrétiens qui se penchent sur cette question se tournent vers leurs Écritures pour contempler et interroger Celui dont ils sont les disciples et dont ils portent le nom, le Christ Jésus.
Or, en contemplant celui qu'elle considère comme son Seigneur, la foi chrétienne a utilisé très tôt le terme, évidemment insuffisant et toujours inadéquat, d'« incarnation ». S'appuyant sur le prologue de l'évangile de Jean : « La Parole s'est faite chair » (Jn 1, 14), les premiers Pères de l'Église oseront des formules nouvelles : « une venue de Dieu dans l'humain », « une venue de Dieu dans la chair1 ». Ne pourrait-on traduire « un engagement dans la chair » ?
Je me propose de suivre un chemin moins conceptuel et je me tourne d'abord vers le premier témoin à se pencher sur le mystère de Celui qu'il a rencontré et qui a bouleversé totalement sa vie, l'Apôtre Paul.
Aux Galates, il écrit : « Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme, né sous la Loi » (Ga 4, 4). Une proposition rare et originale chez Paul, d'autant plus qu'après la salutation traditionnelle, il évite