L'importance prise, pendant les deux dernières années, par la relation aux novices et surtout les « épîtres testamentaires » à ses deux « frères », les abbés Adolphe Roulland et Maurice Bellière, montrent une Thérèse qui ne se contente pas de vivre de la miséricorde mais qui s'efforce d'en « prêcher » la doctrine aux « petites âmes » dont elle se sent plus responsable que jamais. Ce n'est plus seulement « l'écriture de soi » (Ms A, 1895) qui est placée sous le signe de la miséricorde, mais aussi, jusqu'à la fin (1897), les écritures pour autrui.

C'est donc bien la miséricorde d'un Dieu bon qui peut être considérée comme la clé de voûte de la « petite voie, toute de confiance et d'amour ». En proclamant Thérèse docteure de l'Église, Jean Paul II ne se croyait pas autorisé à lire chez elle une « véritable doctrine », seulement « des éclairs de doctrine ». Le travail très rigoureux auquel s'est livré Claude Langlois, à l'écart de toute polémique, montre ce qu'avait d'approximatif, en effet, l'expression « voie d'enfance ». Il permet surtout d'articuler avec une parfaite netteté la logique d'une expérience personnelle qui, en se formulant pour elle-même, devient doctrine, et doctrine merveilleusement contagieuse dans sa complexe simplicité.