Thérèse de Jésus (1515-1582) est maîtresse de vie dans l’Esprit. L’auteur propose de se mettre à son école. Il est question de désir de Dieu, d’amour fraternel, de femmes dans l’église, de prière...
Le monde est confronté, les croyants eux-mêmes, les chrétiens et l’Occident en particulier, à l’indisponibilité de Dieu. Il se pourrait que ce ne soit pas nouveau et constitue la condition même de la foi, du moins une de ses expressions. Thérèse de Jésus, en plein XVIe siècle, vit la foi sur ce mode. Dieu n’est jamais là où l’on pense le trouver. La vie dans l’Esprit et la foi se font alors fondamentalement quête.
Vivre la foi sur le mode de l’indisponibilité de Dieu et du manque passe par une critique de l’Église. Non que l’on se situerait en dehors d’elle mais que la sorte d’arraisonnement de Dieu, à laquelle une institution à son service ne peut jamais totalement échapper, apparaît comme une évidence scandaleuse. Affirmant la place de Dieu dans la vie des hommes, l’Église est structurellement confrontée au danger de prendre sa place, indépendamment de la sainteté ou du péché de ses membres, ministres compris.
Le chrétien est mystique ou n’est pas, écrivait Karl Rahner, et vivre la foi comme une quête, de nuit – ce que l’on appelle la mystique – s’avère triplement nécessaire et si peu extraordinaire. Premièrement, le monde n’est plus religieux, si jamais il l’a été, car la critique du religieux est aussi vieille que les religions et la présence de Dieu ne s’impose pas, et comment Dieu pourrait-il s’imposer ? Deuxièmement, tout croyant, par fidélité même à sa foi et à son Église, se doit de se déprendre de cette Église, institution du croire, de ses discours, rites et sacrements. S’ils font signe vers celui qui manque, ils n’en sont jamais l’expression (adéquate). Enfin, le péché, dont le disciple ne parvient pas à se débarrasser, manifeste en sa propre vie l’absence de Dieu.
Comment surprendre alors le Dieu absent ou, encore, comment se laisser saisir sans se méprendre, sans être le jouet de l’illusion ou de l’idéologie ? La vie dans l’Esprit requiert autant de lucidité que d’astuce, comme pour débusquer l’idole que nous nous faisons toujours de Dieu. Dans les lignes qui suivent, on propose