La méditation – sous toutes ses formes – intéresse de nos jours l'homme moderne stressé et au bord du burn-out. Elle a de tout temps accompagné l'homme et a fait de lui une espèce différente de l'espèce animale ou minérale. L'homme est un être capable de réfléchir sur le monde et sur soi, sur sa vie comme sur sa mort, comme il est capable de se projeter dans l'au-delà.

En islam, le Coran nous révèle ce récit pré-éternel où Dieu, créant les âmes des futurs êtres destinés à peupler la terre (et futurs oublieux de ce moment inaugural), leur posa la question : « Ne suis-je pas votre Seigneur ? » Les âmes répondirent : « Oui, assurément. » Les différents messages religieux – nous dit le Coran – ne font que renvoyer vers ce moment de reconnaissance, et la méditation est un moment et une occasion pour revivre symboliquement cette symbiose initiale avec le divin. Elle sert de support pour que le lien avec le divin non seulement ne s'estompe pas, mais se renforce.

L'islam a développé (surtout à travers une spiritualité non encore pervertie par une lecture politicienne déviante) différentes formes de méditation :

- Les cinq prières canoniques et quotidiennes ;

- La prière de demande : libre et personnelle ;

- L'invocation à voix haute (que je pratique seul ou en groupe), basée sur la répétition d'un Nom divin. C'est une sorte de mantra s'adressant à un Dieu d'amour et de beauté. Elle est censée me permettre l'appropriation d'une certaine énergie divine qui m'amènerait à la connaissance du divin. Dieu ne se cache pas, nous dit la tradition, mais il est voilé par nos propres illusions. L'invocation permet – mais cela demande de la persévérance – de lever les voiles, de dissiper les illusions et de connaître la vraie nature divine en ce monde même. Les témoignages des saints musulmans nous y incitent. Pour eux, Dieu n'a pas besoin de preuve. C'est une question d'expérience gustative : Dieu se goûte ou ne se goûte pas à travers la méditation. Le but primordial de la méditation est donc la connaissance de Dieu. L'apaisement du cœur n'en est que le fruit. « Les cœurs s'apaisent assurément par le souvenir de Dieu », note le Coran.

- L'oraison ou prière du cœur est une prière silencieuse. Elle est basée aussi sur la répétition lente et profonde d'un Nom divin mais peut aussi avoir comme support la profession de foi musulmane. Le but étant de répondre à la demande divine via le Coran : « Souvenez-vous de moi et je me souviendrai de vous » ou « Souviens-toi de ton Seigneur en toi-même, à mi-voix, avec humilité, avec une crainte révérencielle, matin et soir. Ne sois pas au nombre de ceux qui sont négligents ».

Ce « ressouvenir », je le fais souvent seul, matin et soir, mais parfois en groupe (assis en cercle, dans ce cas), comme lors des retraites spirituelles qui durent généralement trois jours. Ces trois jours sont ponctués de méditations, d'échanges, de promenades et de partages. Il est demandé de commencer, comme le veut la tradition, par des ablutions pour être en état de pureté physique.

La méditation ne doit pas être réduite, à mon avis, à un gadget pour homme stressé mais doit rester un support pour retrouver et renforcer le lien avec le divin et donner du sens à l'existence. L'homme ne vient pas de nulle part. D'après beaucoup de traditions, son origine est divine et la méditation permet d'anticiper ses retrouvailles avec le divin, ici et maintenant.

La méditation en islam est encadrée par la tradition pour éviter de tomber dans l'excès et éviter au méditant le risque du déséquilibre psychique. Son but ultime, comme nous l'avons vu, n'est autre que la connaissance divine. D'après les sages, atteindre ce but n'est pas chose aisée. Cela pourrait être l'affaire de toute une vie. On a l'habitude de dire, dans ce cas, que l'homme se met en état de marche vers le divin et que c'est Dieu qui dispose de la suite à donner. Dieu reste maître de sa grâce. Le musulman en méditation ne fait que suivre le conseil divin : « Demandez-moi et je vous exaucerai. »

D'après la tradition, le prophète Mahomet a dit un jour à ses compagnons : « Savez-vous que les cœurs rouillent comme rouille le fer ? » L'un d'eux le questionna : « Et qu'est-ce qui les fait briller ? » Le Prophète répondit : « L'invocation de Dieu. » Et il rajouta : « Celui qui invoque Dieu et celui qui ne l'invoque pas sont comparables l'un à un vivant et l'autre à un mort. »

Méditer, c'est s'ouvrir à l'énergie divine. C'est elle qui nous aidera à lever les obstacles qui empêchent la rencontre avec le divin.