Le pape François compare l'Église à un polyèdre et rappelle que, dans une sphère, chaque point est équidistant du centre et qu'il n'y a pas de différence entre les uns et les autres ; en revanche, un polyèdre reflète la convergence de toutes les parties qui conservent leur originalité1. C'est un peu comme avec l'abandon : on peut le considérer sous les différents angles propres à nous en dévoiler les convergences. Si nous nous y disposons dans une humble attitude d'apprentissage, de nouveaux horizons nous seront peut-être dévoilés. En voici quelques-uns.
« J'ai enlevé beaucoup de choses inutiles de ma vie et Dieu s'est approché pour voir ce qui se passait2. » En lisant ces mots de Christian Bobin au début de cette réflexion, me reviennent en mémoire beaucoup d'autres, d'origines diverses, mais avec des points de convergence : laisser tomber, lâcher, se détacher, se déprendre, se défaire, donner, abandonner, rompre, répartir, livrer… Le plus souvent, nous préférons leurs contraires : retenir, garder, s'accrocher, réserver, soumettre, et ce avec détermination, voire férocité, sans distinguer si ce à quoi nous tenons le plus a la consistance d'une corde ou la fragilité d'un fil. Mais déjà Jean de la Croix prévenait : « Peu importe que le fil auquel s'accroche un oiseau soit mince ou gros : s'il ne le coupe pas, il ne saurait reprendre son envol3. »
Dans un sens plus littéral et premier, abandonner implique de laisser tomber : quelqu'un ayant possédé quelque chose cesse de le retenir, il le laisse tomber et consent à ce que cela ne lui appartienne plus. Dans la vie quotidienne, si présente dans les paraboles de Jésus, c'est un geste qui se produit fréquemment : le semeur laisse tomber en terre les semences qu'il a dans la main (Mc 4,3.26) ; une femme lâche la levure dans la pâte pour qu'elle fermente (Lc 13,21) ; un samaritain verse sur le blessé de l'huile et du vin (Lc 10,34) ; l'homme qui a trouvé un trésor caché dans un champ vend tout ce