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Extrait : 

C’est qu’à force de styliser les symboles, de respecter les rites et de soigner la liturgie, nous courons le risque d’oublier qu’à l’origine de ce que nous célébrons, il y eut un repas d’adieu et que ce à quoi nous sommes invités n’est ni un spectacle, ni une représentation, ni une conférence, mais un repas fraternel. Et pour manger, la première chose dont on a besoin, c’est d’avoir faim. Cette réalité de la faim, effrayante dans les deux tiers de notre monde et qui devrait empêcher le tiers restant de dormir, a beaucoup à voir avec un certain « état de veille » qui maintient le désir éveillé.
Parmi toutes les stratégies pastorales auxquelles nous prêtons main-forte pour motiver les gens à participer à l’eucharistie (et nous motiver nous-mêmes, s’il y a lieu), celle qui invite à prendre contact avec l’authenticité de notre désir est la grande oubliée. Et pourtant, c’est celle qui touche la zone la plus profonde de notre être. Il est vrai qu’elle requiert un travail d’élagage que nous ne sommes pas toujours disposés à effectuer, tant le Désir – avec une majuscule – est affaibli et endormi par les petits désirs parasites que se charge de nous inoculer la société. Et ainsi, pris au dépourvu, nous les laissons envahir des zones de notre être qui devraient être l’espace de ce désir qu’exprime si bien le symbolisme de l’Ancien Testament

 
Dolores Aleixandre, religieuse du Sacré-Cœur, a longtemps été professeur d'Ecriture Sainte dans la faculté jésuite madrilène de Comillas, et continue à participer en Espagne comme en Amérique latine au renouveau biblique initié par Vatican II.