Pourquoi le vent dans les pins, la tempête sur le sable, la bourrasque sur la mer seraient-ils silence et non pas le pilonnage des machines à l'atelier, le grondement des trains en gare, le brouhaha des moteurs au carrefour ?

Ce sont ici comme là les grandes lois qui jouent, bruissement de la création qui nous enserre.

Pourquoi le chant d'une alouette dans les blés, le crissement des insectes dans la nuit, le bourdonnement des abeilles dans le thym nourriraient-ils notre silence et non pas les pas des foules dans la rue, les voix des femmes au marché, les cris des hommes au travail, le rire des enfants au jardin, les chansons qui sortent des bars ? Tout est bruit des créatures qui s'avancent vers leur destin, tout est écho de la maison de Dieu en ordre ou en désordre, tout est signal de la vie à la rencontre de notre vie.

Le silence n'est pas une évasion, mais rassemblement de nous-mêmes au creux de Dieu.

Le silence n'est pas une couleuvre que le moindre bruit fait fuir, c'est un aigle aux fortes ailes qui surplombe le brouhaha de la terre, des hommes et du vent.