L’espoir fait vivre. » Si ce dicton dit vrai, les philosophies semblent passer à côté de la vie, tant elles font peu de place à cette attitude humaine. Le très rationaliste Vocabulaire technique et critique de la philosophie d'André Lalande ne mentionne pas plus l'espoir que l'espérance, alors que la foi et même la charité font l'objet d'une notice. D'ailleurs, le dicton affirme-t-il sans ambages ce qu'il énonce ? Tout dépend du ton sur lequel il se dit. Qu'une note d'ironie se mêle à la voix, et la phrase signifie : se faire des illusions, rester aveugle pour quelque temps. Les philosophies souscrivent volontiers à cette ironie. Platon, par exemple, dans le Phïlèbe, après s'être gaussé de nos rêves de richesses et de plaisirs, écrit : « Tout homme regorge d'une foule d'espérances » (40ab). « Espoir », « espérance » : ces deux mots s'utilisent indifféremment dans son lexique. Leur distinction ne s'imposera que plus tard, en réponse à la diffusion de pensées chrétiennes.

Pandore


L'espoir, pour un philosophe grec, demeure ce qu'en dit le mythe de Pandore. Façonnée par Zeus, cette femme se vit offrir une boîte dans laquelle d'autres dieux avaient mis toute sorte de forces. Pandore ne devait surtout pas ouvrir cette boîte ; mais, le désir de curiosité l'emportant, elle ne put s'empêcher de défaire un tel cadeau. En un instant, tous les maux qui, dès lors, assaillent l'humanité (crimes et chagrins, maladies et tourments) en sortirent et prirent leur envol. Pandore ne parvint à retenir que l'espoir. Il demeure depuis l'unique réconfort d'une humanité condamnée à la détresse.
Ce mythe conduit à l'essentiel. Il nous dit une existence dans laquelle l'espoir est un baume, un narcotique, un opium en quelque sorte. En cela, ce récit nous introduit à toutes les philosophies grecques : Platon,