Ad Solem, 2011, 114 p., 19 euros.

Ce livre, malgré ce que le titre pourrait laisser croire, n’est pas un traité d’esthétique. Philippe Mac Leod nous y incite plutôt à rejoindre le mystère de la vie en nous, jusqu’à faire éclater la coque rigide de notre individualité pour rejoindre, au fond de nous-mêmes et autour de nous, le Christ en croissance : une plongée et un élan qui feront de nous « un fragment d’hostie donné pour le monde ». Ces notes allient les plus fines perceptions intérieures aux horizons les plus larges (souvent évoqués à travers le paysage pyrénéen), alliant l’inspiration de Maître Eckhart et celle de Teilhard. La perspective est cependant moins anthropologique ou théologique que proprement spirituelle : c’est une leçon de vie, un chemin pour grandir en nous abandonnant au mouvement qui nous porte depuis l’origine. Un tel progrès, « développement de l’intimité humaine », n’est pas une expansion du moi mais passe paradoxalement par sa diminution, comme pour Jean-Baptiste s’effaçant devant l’Agneau de Dieu. Il s’agit de faire place à un Autre en nous, le Christ qui nous emmène vers le Père si nous sommes attentifs et dociles au travail de l’Esprit. Pour « aller le plus loin possible dans ce qu’on ne pourra jamais dire », l’auteur recourt souvent, pour notre bonheur, aux ressources de la poésie, résumant en une double image notre vocation : « Marcher sur les eaux qui nous ont enfantés. »