Dans les Exercices spirituels, saint Ignace dispose du temps comme d'un cadre. C'est à travers une organisation active des moments et des durées (semaines, jours, heures…), mais aussi dans une totale disponibilité au temps de la grâce, que peut se produire ce qui est recherché et désiré : la Rencontre. Ainsi, le retraitant passe-t-il sans cesse d'un temps où il « s'occupe » à un temps où il accueille ce qui advient.

S'il y a profit, pour s'engager dans les Exercices spirituels, à poser une distance d'avec les amis et connaissances, on gagnera aussi à se dégager de toute préoccupation particulière. Mais, dès lors, qu'en est-il de l'expérience du temps durant les Exercices ? Pour nous rendre sensibles à sa particularité, nous commencerons par examiner la manière dont il est organisé, selon les diverses durées qui le constituent. Puis nous pourrons percevoir qu'à côté de la mesurabilité du temps, l'attention est aussi portée à la qualité de celui-ci, aux potentialités qu'il recèle.

« Les exercices se termineront, plus ou moins, en trente jours » (Ex. sp., 4)1. C'est ce que l'on appelle communément le mois des Exercices. Les Exercices s'étendent sur quatre semaines. Mais, justement, les « semaines » n'ont pas nécessairement des limites préétablies, « il ne faut pas entendre par là que chaque semaine ait nécessairement sept ou huit jours ». Chacune des semaines des Exercices possède son objectif propre, et c'est d'atteindre plus ou moins cet objectif qui décide de la durée de la semaine : tel retraitant sera plus lent à trouver ce qu'il cherche, tel autre plus rapide. Il convient donc de s'adapter aux capacités et à l'expérience du retraitant. Le temps vaut par la durée qui permet l'expérience, et c'est son déploiement qui demande d'être perçu, en correspondance avec le cheminement du retraitant. Une limite est cependant posée : plus ou moins trente jours.

Un temps à disposer

La semaine des Exercices ne constitue donc pas une unité de temps définie. Les