Christus : Que pouvez-vous nous dire de la liturgie familiale dans le judaïsme ? Ce mot même de « liturgie » a-t-il une signification pour vous ?
Rivon Krygier : Bien sûr, le judaïsme a une très grande liturgie dont l'essor a commencé à la destruction du Temple. Il existait déjà une liturgie auparavant, les psaumes en témoignent, mais elle a pris une importance nouvelle à partir de la destruction du Temple, parce qu'elle est venue combler le vide que cette destruction a causé. Tout le dispositif de la mise en présence de Dieu dans un lieu précis ayant volé en éclats, il fallait ramener la présence divine dans un autre lieu que cette structure physique, et la liturgie allait jouer ce rôle, dans la vie personnelle et familiale…
Christus : Et à la synagogue ?
R. K. : Oui, mais précisons d'emblée que la synagogue n'a jamais remplacé le Temple. La présence divine telle qu'elle se manifestait dans le Temple n'est pas exprimée de la même façon dans la synagogue. Dans le judaïsme, on fait clairement entendre que ce n'est pas du même ordre. J'ai envie de dire que ce que les chrétiens veulent marquer de manière très forte avec l'eucharistie et cette présence de Dieu dans l'hostie, les Juifs en parlent comme la présence de Dieu telle qu'elle existait dans le Temple de Jérusalem. Le Temple étant détruit, il n'y a plus rien de comparable en tant qu'intensité de la présence divine. Pour le Juif, la présence divine est constante et partout présente. Mais, si